Je ne sais pas si vous avez lu l’Équipe d’aujourd’hui, mais il y avait un article très intéressant retranscrivant le procès verbal du conseil fédéral de la FFF du 3 juillet dernier devant décider de l’avenir de Raymond Domenech en tant que sélectionneur de l’équipe de France. Qu’y apprend-on ? Notamment que Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF, a tenu les propos suivants : « La Fédération est une famille, pas un club. La campagne des anciens de France 98 a été trop insistante, parfois indécente. L'équipe de France est le patrimoine de la Fédération, pas celui d'un clan ».
Selon M. Escalettes, donc, « l’équipe de France est le patrimoine de la Fédération ». Première nouvelle ! Et ce depuis quand je vous prie ? Je ne saurais vous conseiller de consulter la définition exacte de « patrimoine » pour vous rendre compte de la portée de ces mots. Du moins, ils en disent long sur la dérive bureaucratique et clientéliste de la FFF. On savait déjà que le conseil n’opérait pas à un vote à bulletin secret, que les membres du conseil allaient rarement contre l’avis de leur président. Mais que celui-ci en vienne à confondre son rôle réel, qui consiste à prendre les décisions nécessaires quant au choix du sélectionneur afin de rendre l’équipe aussi compétitive que possible, avec son fantasme (l’équipe de France m’appartient) est complètement intolérable. L’équipe de France, comme son nom l’indique, est le patrimoine des Français, de ceux qui la supportent, et de ceux qu’elle représente. Ni plus ni moins. La FFF n’est qu’en charge des décisions à prendre pour la rendre la plus performante. Point barre. Toutes les instances du foot et la ministre des Sports devraient exiger la démission de M. Escalettes pour ces propos inadmissibles.
Deuxième aberration, corollaire à la première, le refus de remplacer Domenech sous prétexte qu’il ne faut pas laisser l’équipe de France entre les mains du « clan » des champions de 1998. D’après M. Escalettes, donc, il vaut mieux une mauvaise équipe de France entraînée par Domenech qu’une bonne équipe de France entraînée par Deschamps. Ce qui n’est rien d’autre que de l’irresponsabilité totale, puisque M. Escalettes ne devraient avoir aucun autre souci que les résultats de l’équipe nationale. Qualifier les champions du monde de 1998 de « lobby » est en soi attiser la guerre des « clans ». Et ce d’autant plus que l’on connaît la diversité des parcours des champions de 1998, rendant cette accusation ridicule et sans fondements. S’il y a bien un clan, c’est celui de la FFF, qui ne choisit que des entraîneurs proches de la DTN, et qui veut garder le gâteau pour elle seule.
Le match contre la Serbie va, je l’espère, être enfin l’occasion de mettre les points sur les i, et de faire le travail qui aurait dû être fait au lendemain matin de la défaite contre l’Italie : se séparer d’un entraîneur dont les résultats ont été insuffisants, et mettre l’équipe sur de nouvelles bases pour les qualifications de la Coupe du Monde 2010. Maintenant, on peut seulement, et à juste titre, être écoeuré que les états d’âme de M. Escalettes se sont avérés préjudiciables pour les résultats de l’équipe de France, et sont en passe de lui coûter cher, très cher.
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